Compte rendu : Les assises Européennes de lutte contre les violences faites aux femmes

” Etant salariées à la CSF67, dans une Association Familiale, la place des femmes est un enjeu. Nous participons au comité de pilotage droits des femmes tenu par le confédéral pour échanger sur les actions et les mobilisations en cours et à venir.

De plus, nous devons d’être attentives aux femmes que nous accompagnons et que nous rencontrons. Notre rôle est à la fois de les sensibiliser et de les accompagner. Cette participation aux Assises Européennes de Strasbourg en novembre 2024, nous a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire des violences et les combats que nous devrons encore mener à l’échelle locale, nationale et européenne.”

 

 

1. Les Assises Européenne à Strasbourg : Pourquoi ? 

Vidéo explicative : ici ! 

À l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre et dans la continuité des Assises de Nantes (25 et 26 novembre 2022), la Ville de Strasbourg a organisé les Assises européennes de lutte contre les violences faites aux femmes.

Pour en savoir plus sur l’évènement et la programmation : Cliquez ici ! 

Pendant ces 2 jours d’Assises,  plusieurs conférences, tables rondes et ateliers, ont eu lieu, afin d’aborder diverses thématiques :

  • L’Europe et la lutte contre les violences faites aux femmes
  • Strasbourg Ville féministe
  • Collectivités locales & lutte contre les violences faites aux femmes
  • Jeunesse et Enfance
  • Entrer en action : prévenir, accompagner, écouter
  • Approche intersectionnelle des violences faites aux femmes

Ces Assises ont eu pour objectif de s’interroger sur ce que peut faire l’Europe, ses institutions, son cadre législatif, mais aussi ses Associations féministes et ses actrices et acteurs de la prévention et de l’accompagnement, pour lutter contre les violences faites aux femmes ? Quelles sont les conséquences sur les femmes des décisions prises au niveau européen ?

Pour rappel, la Ville a signé en 2010 la Charte européenne pour l’égalité femmes-hommes dans la vie locale du Conseil des communes et des régions d’Europe.

Afin de prévenir un éventuel recul dans lutte contre les violences faites aux femmes, ces Assises ont été l’occasion de donner de la voix à des expérimentations ou législations inspirantes en Europe. Elles ont permis aussi de questionner les limites et voir le chemin déjà parcouru.

Toutefois, le combat pour l’égalité et la fin des violences faites aux femmes est loin d’être fini !

 

2. Une matinée politique et engagée : 

En introduction, nous avons pu assister à des temps de parole et des témoignages riches, mobilisateurs et encourageants pour continuer le combat.

La diversité des intervenantes : Sénatrice, élue, ambassadrices, juristes, journalistes, directrices et porte-paroles d’associations engagées et féministes… nous a permis de (re)découvrir l’engagement national et européen sur la question des violences de genre.

Nous avons également assisté a une table ronde concernant la directive européenne 2024/1385 du 14 mai 2024 sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Elle prévoit de protéger, de soutenir et d’accompagner les femmes victimes. Cette directive adoptée conjointement par le Parlement européen et le Conseil de l’Union Européenne vient harmoniser le droit en la matière puisque tous les Etats membres devront la transposer dans leur législation. Un débat a toutefois eu lieu, en particulier sur la définition du viol. En effet, la question de la définition du viol en absence de consentement n’a pas trouvé d’accord et donc elle a été exclue de la directive.

 

 

3. Un après-midi d’ateliers enrichissants : 

ATELIER : Comment lutter contre les cyberviolences, en tant que victime ou témoin ?

Les cyberviolences désignent l’ensemble des comportements abusifs, harcelants ou discriminatoires exercés en ligne. Elles ciblent principalement les femmes et les minorités. Quels outils spécifiques – technologiques, juridiques et humains – peuvent être déployés pour prévenir et combattre ce phénomène ?

Intervenante : Mathilde SALIOU, journalise spécialisée dans le numérique.

L’atelier a permis d’échanger sur nos pratiques et surtout d’avoir des conseils spécifiques à la protection de la vie privée et à ce qu’il faut faire en cas de cyberviolence. Un guide a été transmis à la suite de l’atelier reprenant des éléments de définitions, des conseils et des outils/sites utiles.

 

CONFERENCE : Les villes, espaces des inégalités et des violences de genre

En quoi l’urbanisme a un rôle à jouer pour lutter contre les inégalités et limiter les violences faites aux femmes ? Cette conférence vise à appréhender les enjeux d’un espace pensé pour les hommes et découvrir les méthodes et les outils de l’urbanisme sensible au genre.

Intervenante : Eléna SUZAT, directrice des territoires et pilote du groupe de travail Genre & Ville à la Ville de Strasbourg.

L’intervenante nous a exposé des résultats d’enquêtes réalisées au niveau local et nationale sur la place de la femme dans les espaces publiques. Les conclusions sont relativement identiques : Les femmes s’adapte à la ville et non le contraire. Elles évitent des lieux par crainte et peur.

Exemple de chiffre de l’enquête réalisé par l’EMS :

  • 21,5% des rues portant des noms propres mettent des femmes à l’honneur
  • 97,5% des personnes fréquentant le terrain de basket du parc de la Citadelle sont des hommes
  • 70% des personnes présentes dans le quartier de la gare entre minuit et 5h du matin sont des hommes

Pour réduire ces espaces d’inégalités, l’urbanisme se doit d’être sensible au genre et de repenser la ville en enfilant : « les lunettes du genre »

En s’inspirant de ville comme Vienne en Autriche la ville doit entreprendre des actions concrètes pour permettre aux femmes de se sentir libre de profiter des lieux publics comme les hommes.

  • Parcs (bancs et espace pour mère allaitante)
  • Zones sportives
  • Toilettes publiques non mixtes

Proposition de l’EMS :

  • Végétalisation des cours d’école et lancement d’un accompagnement des équipes scolaires sur l’égalité filles-garçons dans la cour de récréation.
  • Réalisation de marches exploratoires : réunir citoyennes et citoyens pour marcher ensemble dans l’espace public et voir comment améliorer l’aménagement et le sentiment de sécurité.
  • Féminisation des noms de rues

 

 

ATELIER : De la souffrance à l’espoir : le rôle des Centre Médico-Sociaux dans l’accompagnement des femmes victimes de violences

Chaque action compte, et chaque rencontre nous rapproche de notre but : construire un environnement plus sûr et solidaire pour tous et toutes ! Avec cet atelier, le groupe VIF (Violences Infra-Familiales) propose de partager leur expertise et de créer un espace de dialogue entre les agents·es et professionnel·les intervenant auprès des femmes victimes.

Intervenantes : Le réseau Violences Infra-Familiales (VIF) de l’action sociale de la Ville de Strasbourg

Le réseau VIF est représenté dans les différents CMS de la ville de Strasbourg par une dizaine de professionnelles (Assistant.e de service social). L’équipe travaille directement en lien avec la cellule Ménage aux Droits Incomplets (MDI) existant depuis quelques années sur Strasbourg pour accompagner les personnes migrantes sans droits (déboutés, les personnes sans-papiers…) qui vivent dans une extrême précarité sortant du droit commun.

Vidéo de présentation des CMS : ici ! 

La présentation a permis de mettre en évidence ce qu’il fait et plus spécifiquement les freins rencontrés en lien avec la réalité du terrain. Concernant la réalité du terrain et les freins rencontrés par les professionnels de l’équipe VIF et MDI pour accompagner les femmes victimes de violences. Les freins sont soit issus des victimes elles-mêmes, soit par le cadre institutionnel. Les victimes peuvent limiter l’accompagnement puisque soumises par :

  • L’emprise (mécanisme psychologique de manipulation et de contrôle par le conjoint)
  • La dépendance financière et administrative
  • La peur du jugement
  • La peur des mesures juridiques
  • La langue (si personnes migrantes)

Le cadre institutionnel posé par la Ville de Strasbourg sur les équipes MDI et VIF est aussi questionné dans cette présentation. Le défi étant pour les professionnels de :

  • Trouver des hébergements adaptés (puisque souvent en urgence dans des hôtels, dans des conditions précaires et parfois insalubres)
  • Développer un réseau de partenaires sur toute l’Eurométropole (et peut-être avec Kehl) qui soit égal, quelque soit le CMS où la personne est prise en charge
  • D’avoir des locaux adaptés ou adapter des locaux actuels afin de pouvoir faciliter l’échange et la confidentialité
  • Accepter de devoir repartir à zéro avec la personne

Des informations sur les actions permanentes menées par ces équipes dans le cadre des protections des femmes et des enfants sont : le Kit d’Urgence (plus d’information), la cabane à partager (vestiaire, jeux, puériculture pour prêter ou donner) existant sur le territoire CMS Ouest et les permanences juridiques (France victime) qui ont lieu dans différents CMS.

 

ATELIER : Accueillir la parole et réorienter les femmes victimes de violences

Cet atelier a pour objectif de fournir des clés pour adopter une posture professionnelle adéquate, de mettre à disposition des ressources utiles pour un meilleur accompagnement, et de partager des connaissances sociologiques et psychologiques pertinente.

Intervenante : Solidarité Femmes 67

 Nous avons eu un rappel sur ce que sont les violences :

  • Elle a plusieurs visages,
  • Tout le monde peut un jour y être confronté,
  • Elle peut survenir dans n’importe quel milieu social, à n’importe quelle étape de la vie et dans n’importe quelle famille.

Les intervenantes nous ont introduit les différentes formes de violences et les outils pratiques pour aider une victime et son entourage à juger si elle se trouve dans une relation dangereuse :

  • Le violentomètre : pour comprendre la progression de la violence
  • Le cycle de la violence : comprendre les phases d’emprises

 

Pour les professionnels, notre objectif et d’écouter, de déculpabiliser, rassurez et rediriger les victimes de violences vers des associations. En cas de doute, Il faut oser poser des questions générales sur la vie de familles, si elle a des inquiétudes, des craintes…

 

Respectez le rythme et les décisions de la victime

Communiquer le numéro 3919 

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